L'atelier de poteries de La Boissière-Ecole (78)

 

Dès 1977, des membres d'une association locale (CRARM basée à Epône) et un archéologue du Service archéologique des Yvelines avaient identifié la présence d’un site antique au lieu-dit des Noues, grâce aux nombreux tessons de poteries retrouvés à la surface d'un champs, par les labours.

 

Dans les années 85, des prospections au sol, aériennes et électriques ont permis de préciser la nature des vestiges et leur intérêt.

 

 

 

Un chantier de fouilles de 3 ans

 

Devant l'excellente conservation du site, le service archéologique des Yvelines a obtenu une autorisation de l'Etat pour porter un Programme de recherche, entre 1989 et 1991. Il s'agissait alors de la première fouille intégrale d'un centre de production de céramiques d’époque gallo-romaine, avec toutes ses composantes (du travail de l'argile, jusqu'à la cuisson en passant par l'habitat de l'artisan). 

 

L'étude portait sur trois ateliers distincts, actifs dans une période assez resserrée, des années 220 à 260 après J.-C. et qui ont produit une grande variété de céramiques communes, vendues jusqu'à Ablis. Mais, l'activité potière commence sur le site des Noues dès le Ier siècle (deux ateliers étaient conservés).    

                                                                                                                                                                                                                                        
La fouille a été suivie d’un important travail de lavage et de recollage des céramiques en vue de l’analyse des pâtes (composition, origine) et des formes céramiques permettant la comparaison avec d’autres productions de la même époque. Au total, sept tonnes de tessons ont été étudiées, donnant une riche collection de formes caractéristiques du IIIe siècle après J.-C.

 

 

 

 

 

Une cuisson expérimentale


Les archéologues ont pu, en parallèle, émettre des hypothèses sur les fours gallo-romains et les modes de cuisson, aboutissant finalement en 1992 à mettre en place un protocole d'expérimentation de cuisson en utilisant l'un des quatre fours antiques découverts sur le site.

 

Pour ce projet un peu fou, un potier professionnel, M. Pierre Bayle, et une trentaine d’archéologues professionnels et bénévoles ont été mobilisés. Ce sont 340 pots qui ont été tournés sur le modèle des formes archéologiques, puis disposés et cuits dans le four restauré pour l’occasion.

 

Pendant la cuisson, des sondes relevaient la température en différents emplacements de la chambre de chauffe. Après 13h de cuisson, le temps de refroidissement s'est étalé sur plusieurs jours avant de pouvoir sortir les vases. Le défournement des céramiques a été conduit comme une fouille, la position de chaque pièce étant relevée afin de croiser les informations concernant les températures avec le résultat de la cuisson.

 

Bien que les pots aient bien cuits de manière globale, le résultat ne correspondait pas aux objectifs en raison de la couleur de surface obtenue. Les archéologues cherchaient à atteindre une teinte sombre, noire, comme les vases produits sur le site antique, mais le résultat était plus proche du brun, voire même de l'orange...

 

Ce travail de comparaison entre les données de fouille et la reconstitution a fourni des résultats très riches donnant lieu à des articles dans des revues spécialisées et à un ouvrage collectif du service, toujours en vente, "Fabriquer de la vaisselle à l’époque romaine" (B. Dufay).

 

 

 

La médiatisation du site


Outre cette publication scientifique, les résultats ont été rendus accessibles au grand public en premier lieu durant l'expérimentation de cuisson, par des visites et portes ouvertes.

 

Toute l'expérimentation a fait l'objet d'un film VHS "Mémoire de feu, mémoire de terre" et, à l'issue de l'étude, une exposition scénographique a été proposée au public "Trésors de terre, céramiques gallo-romaines en Île-de-France" donnant lieu à un catalogue d'exposition. Cette exposition a reçu un tel succès qu'elle a été adaptée pour l'itinérance et a circulé en France jusqu'en décembre 2010.

 

Aujourd'hui, il existe une maquette restituant un des ateliers de potier du IIIe siècle, qui sert d'outil pédagogique itinérant, accompagnée d'un dossier détaillé (qui peut être empruntée).