L’aménagement de la "ZAC du Bourg" sur la commune a motivé la prescription d’un diagnostic archéologique par le service régional de l’Archéologie d’Île-de-France (Direction régionale des Affaires culturelles). Cette opération, confiée au service archéologique des Yvelines, a permis d’identifier plusieurs occupations humaines plus ou moins bien conservées. Elle a contribué à enrichir une documentation archéologique localement pauvre.

À l’échelle du territoire de Rocquencourt, les connaissances disponibles reposaient effectivement presque exclusivement sur des archives liées au passé médiéval de la commune, d’une part, et à l’aménagement des jardins du château de Versailles, d’autre part. Les archéologues n’avaient encore jamais eu l’occasion de sonder le sous-sol communal.

 

 

 

Présentation du diagnostic


Les travaux se sont déroulés en octobre 2011 et ont concerné plusieurs îlots sur une surface totale d’environ 4 hectares. L’emprise explorée se situe entre le parc forestier de Rocquencourt, au nord, et l’arboretum de Chèvreloup, au sud. Elle occupe le pied d’un versant exposé au sud.

 

Le terrain, marqué par une dénivellation sensible, a vraisemblablement été soumis à une érosion importante, et ce dès l’intensification des activités agricoles au cours du Néolithique. C’est ce qui explique l’absence de vestiges sur une grande partie de la surface diagnostiquée. En effet, seuls les secteurs situés le long de la RD 307 ont été relativement épargnés par ces destructions. C’est là qu’ont été mises au jour deux occupations bien distinctes d’un point de vue chronologique : l’une de la fin du Néolithique et l’autre du second Moyen Âge.

 

 

Les plus anciens vestiges datés du Néolithique final (- 3 000 / - 2 150 ans)


Les témoignages matériels sont minces et occupent un espace restreint, correspondant à une petite dépression naturelle. Outre deux fosses, les archéologues ont découvert une concentration de tessons de céramique, d’outils en silex et de pierres chauffées. Le tout reposait en place sur un sol d’occupation plutôt bien conservé. Celui-ci a fait l’objet d’une fouille manuelle minutieuse sur 2 m² au cours de laquelle tous les objets ont été précisément localisés avant d’être prélevés.

 

La quantité d’objets recueilli n’est pas négligeable au regard de la faible superficie fouillée. Au moins quatre récipients en céramique modelée ont pu être partiellement restitués. Il s’agit de vases de grande taille, sans doute utilisés quotidiennement dans le cadre de la maisonnée.

L’industrie en pierre est composée de deux éclats de grès et de 23 objets en silex, dont cinq outils (un grattoir, deux tranchets, un denticulé et une pointe aménagée) et des déchets de taille. Un des tranchets et deux éclats en silex présentent les traces d’une chauffe importante.


L’exploration approfondie de cet ensemble a permis non seulement de démontrer l’usage domestique des vestiges, mais aussi de les placer sans aucune ambigüité dans le courant du IIIe millénaire avant notre ère. D’ailleurs, l’organisation générale de cette occupation présente de nombreuses analogies avec ce qui a été observé sur d’autres sites contemporains des Yvelines (Flins/Les Mureaux).

 

 

Des vestiges peu courants : des fours culinaires médiévaux (XIe et XIIe siècles)

 

La période médiévale est uniquement représentée par deux fours culinaires, associés à quelques fosses interprétées comme des structures annexes.
L’un des fours a pu être intégralement dégagé. Les parties en élévation qui fermaient la chambre de cuisson se sont manifestement effondrées très rapidement après l’abandon de la structure, dans le courant du XIe siècle ou au tout début du XIIe siècle. Paradoxalement, c’est précisément ce qui a permis de préserver la sole (surface plane où l'on pose les aliments à cuire, notamment le pain). Celle-ci se présente sous la forme d’une vaste aire rubéfiée (orangée) de 2,20 m de longueur pour 1,40 m de large. Sur cette sole de nombreux fragments de terre brûlée, des charbons de bois et quelques pierres, réparties de manière aléatoire, ont été observés.

 

On ne peut donc qu’imaginer l’aspect initial de la voûte du four. Celle-ci pouvait être construite ou, plus simplement, creusée en sape dans le sol. Étant donné l’état d’arasement de ce four, il n’est pas possible de trancher entre ces deux possibilités. Au mieux peut-on supposer que les pierres retrouvées appartenaient à la voûte ou à un aménagement détruit, dont la nature – bouche maçonnée ou conduit d’évacuation – ne peut être déterminée.

 

Un fragment de céramique piégé dans le four – une cruche à lèvre triangulaire – peut être daté de la transition entre le XIe siècle et le XIIe siècle. Ce qui renforce l’intérêt de cette découverte. En effet, les fours culinaires de cette période ne sont absolument pas documentés dans les Yvelines et restent rares en région parisienne.

 

En raison de l’exigüité de la parcelle qui a livré les vestiges médiévaux, le diagnostic de Rocquencourt n’a pas fourni d’informations sur la présence éventuelle d’un habitat. Si l’on s’en tient à la littérature archéologique consacrée au sujet, les fours culinaires postérieurs au Xe siècle relèvent d’un usage communautaire. Il est donc raisonnable de penser qu’une ou plusieurs habitations se soient développées non loin, hors du périmètre sondé par les archéologues.