Les opérations réalisées en 2018

Les premières investigations en laboratoire et sur le terrain ont eu pour objectif d’identifier les sites archéologiques à fort potentiel. 

Dans cette perspective, des recherches en laboratoire ont été conduites, en Arménie et en France, sous trois formes : 

  • recherche bibliographique sur la région (notamment une approche cartographique), à partir de sources s’échelonnant de la période soviétique jusqu’à aujourd’hui ;
  • analyse d’images satellites à haute résolution ;
  • création d’un système d’information géographique (SIG) destiné à recueillir, analyser et gérer toutes les données spatiales et topographiques issues des recherches.

Puis, au cours de l’été 2018, un travail de terrain a pu être réalisé par une équipe pluridisciplinaire, consistant en :

  • des prospections pédestres sur la base des indices révélés par les images satellites et des relevés photogrammétriques, par drone, des vestiges repérés ;
  • une enquête auprès des populations locales.

L’équipe de terrain a prospecté, durant environ 3 semaines, une aire de plus de 800 hectares située dans le cours supérieur de l’Aghstev et ses affluents. Cette zone est marquée par des dénivelés importants et un couvert végétal boisé qui a pu limiter la reconnaissance de certains sites.

Ce sont tout de même 123 indices d’occupation qui ont pu être répertoriés, incluant 55 zones d’épandages d’objets de diverses périodes, 35 aménagements (murs, puits, etc.) et 33 structures funéraires, en dalles de pierre (cistes) ou en tertres circulaires (kourganes). 

 

Au total, cette campagne a permis de découvrir 17 sites inédits qui n’avaient jamais été référencés par les Monuments historiques et culturels de la République d’Arménie. Ces sites s’inscrivent dans une fourchette chronologique allant du Néolithique jusqu’au Moyen Âge. 

 

Les relevés photogrammétriques effectués sur six de ces sites ont permis de distinguer, dans les micro-reliefs, des vestiges de constructions. Il a par ailleurs été possible d’affiner les données chronologiques et géographiques pour un certain nombre de sites anciennement référencés. Toutes les données ont été intégrées à la base de données cartographique créée (SIG). 

 

Parmi les sites inédits, se distinguent deux habitats du Bronze ancien (vers - 3 000 ans) présentant un fort potentiel et pour lesquels une fouille archéologique extensive pourrait être envisagée. C’est tout particulièrement le cas du site localisé à l’est d’Idjevan, capitale du Tavush, nommé "Lusahovit-1".

 

 

        

  Vues du site réalisées à partir des relevés photogrammétriques (© A. Mkrtchyan)

 

Il s’étend sur une surface d’environ 2 hectares et semble n’avoir subi aucune altération récente. Les images captées par drone suggèrent la présence de possibles murs entourant cet habitat installé à 1 730 m d’altitude, naturellement protégé par l’escarpement rocheux.

 

 

 

La forme et le type de décor des fragments de vases récoltés en prospection suggèrent une occupation unique du site, par une population rattachée à la culture Kura-Araxe, très peu documentée dans le Tavush.

 

Cet habitat fortifié serait susceptible d’éclairer la genèse de cette culture (appelée également Early Transcaucasian culture), qui apparait au milieu du IVe millénaire dans le sud Caucase (son berceau) puis se répand au IIIe millénaire dans l’est de la Turquie et en Iran.   

      

 

Fragments de poteries caractéristiques de la culture Kura-Araxe.