En 1984, des éléments de construction gallo-romains avaient été mis au jour lors des travaux d'aménagement de la RD 983, à l’emplacement d’un ancien bras de la Vaucouleurs.


Le site a immédiatement fait l’objet d’une fouille de sauvetage, réalisée par M. O. Bailly (Direction des Antiquités historiques d’Île-de-France) puis d’une fouille programmée l’année suivante, menée par M. J.-G. Sainrat et Mme M.-A. Gaidon-Bunuel (Service archéologique des Yvelines). Enfin, une opération subaquatique d'archéologie programmée a été effectuée en 1988 par le service (M. L. Cholet) en raison des résurgences de la nappe phréatique.

 

Les vestiges mis au jour correspondent à un temple construit à la fin du Ier siècle après J.-C. ou au début du IIe siècle. Le bâtiment sert, dans un premier temps, de sanctuaire installé sur une source puis, à partir du IVe siècle, de mithraeum (sanctuaire dédié à la divinité orientale nommée Mithra ).

 

Le premier sanctuaire semble s’inscrire dans un vaste complexe dédié aux cultes. En effet, à quelques mètres à l’est, la fondation d'un bâtiment en grand appareil et des colonnes cannelées, de plus d' 1 m de diamètre, ont été aperçus lors des travaux. Malheureusement, l’édifice n’a pas été fouillé mais remblayé. Son architecture monumentale pourrait évoquer celle d’un grand temple. Par ailleurs, une série de bassins étagés a été repérée au sud-est du site et un théâtre pourrait bien exister au sud-ouest, aux vues du parcellaire et de la topographie...

 

 

L’usage de l’eau dans le sanctuaire


Ce sanctuaire, de taille modeste (10 x 15 m), est un bâtiment rectangulaire muni, au nord, d’une abside à cinq pans, dotée de quatorze colonnes en marbre et de trois ouvertures (nord, ouest et est). Au sud, il s’agit d’une pièce aux murs épais, sans ouvertures.

 

L’édifice a été bâti à la fois sur une source naturelle et utilise de l’eau canalisée provenant de la colline, à l'aide d'un système de tuyaux en plomb. Ainsi, dans le mur sud, une niche avec un petit bassin quadrangulaire reçoit l’eau acheminée par tuyau provenant des bassins situés dans le flan de la colline. La circulation se poursuit avec une canalisation en plomb intégrée au mur et qui rejoint un caniveau transversal (rigole), divisant ainsi le bâtiment en deux espaces de surface équivalente (pièces nord et sud). Cette rigole est aussi alimentée par les eaux de la Vaucouleurs canalisées à l’ouest.

 

La pièce nord, à colonnade, dispose d’un bassin octogonal de 3,50 m de côtés. Sa cuve, dallée de marbre blanc, perce la nappe phréatique à environ 1,50 m de profondeur ; l’eau de source est ensuite évacuée, vers le nord, par un caniveau.

 

 

Architecture et décor


Le bâtiment est construit en moellons calcaires liés avec un mortier de tuiles (donnant la couleur rose). Pour la partie nord, le soubassement est en pierre également, mais de larges dalles de terre cuite sont placées sous les colonnes d’ordre toscan provincial pour leur assurer une assise régulière. Dans la partie sud, les murs sont pleins. La couverture de l’ensemble reste hypothétique mais devait être en tuiles puisque de nombreuses tegulae et imbrex ont été retrouvées lors de la fouille. À l’intérieur, le sol est recouvert d’un dallage en calcaire blanc. Les murs sont revêtus d’enduits peints, dans un premier temps, puis de placages en calcaire blanc, dans un second temps.


La tête d’une statue en marbre blanc a été retrouvée dans le comblement du bassin. Le reste du corps, représentant celui d’une nymphe (déesse des sources), a ensuite été repéré dans des niveaux de destruction. Cette sculpture était conçue à l’origine pour être vue au sol ; elle semble avoir été amputée de ses pieds pour être installée dans la niche du temple par la suite. Sa présence identifie le bâtiment comme un nymphée, mais son système hydraulique complexe permet de l’interpréter comme un véritable sanctuaire de source organisé autour d’une résurgence d’eau (cf. article sur la nymphe).

 

 

 

Un sanctuaire réemployé pour le dieu Mithra


Dans la seconde moitié du IVe siècle, l’édifice est démoli en partie, puis remanié. Une cloison vient séparer physiquement les deux pièces le long du caniveau central. La salle nord est équipée d’un foyer contre le muret ouest et sert de cuisine. Les colonnes à l'est et à l’angle nord sont démantelées. Ainsi, la pièce est largement ouverte sur l’extérieure et le bassin reste toujours en eau. A contrario, la salle sud est fermée et aménagée de deux banquettes latérales en bois et d'un foyer. Le sol est recouvert d’un plancher en chêne.

 

Plusieurs fragments de sculptures et de bas-reliefs ont été découverts lors de la fouille qui représentent Mithra taurochtone, Aïon, Mithra Pétrogène, Dadophore et Luna. Ils renvoient tous au culte de Mithra, divinité solaire d’origine persane, devenu assez courant à la fin de l’Empire, mais adopté initialement par les soldats de l’armée romaine. Ce culte "à mystères", de type initiatique, reste mal connu car peu d’écrits en expliquent les rites. Seuls les hommes peuvent intégrer la communauté. Les cérémonies incluent des banquets et des sacrifices d’animaux (volailles en majorité)...

 

 

Un site à découvrir sur place !


Devant cette découverte exceptionnelle, le Conseil général des Yvelines a financé la construction d’une restitution du sanctuaire de source tel qu’il a été découvert par les archéologues. À 10 m du lieu de découverte, la reconstitution est accessible librement à partir d’un parking situé le long de la RD 983. Une visite commentée peut être proposée aux groupes sur rendez-vous (contacter le pôle Médiation du service).

Un moulage de la nymphe est également présenté (l’original est au musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye).