Âges des métaux
Les sites datant de l'âge du Bronze sont encore peu nombreux. Leur mode de vie agro-pastoral ne s'éloigne guère du Néolithique, bien qu'une certaine hiérarchisation de la société se fasse jour au travers d'objets de prestiges en bronze ou de tombes "princières".
Plusieurs dépôts d’objets isolés ont été retrouvés au XIXe siècle (haches, bracelets, pointes de lances, flèches et épées), mais sortis de leur contexte ils ne permettent pas de comprendre les modes de vie. Deux moules en pierre, servant à couler le bronze pour former des haches, ont également été découverts à Montfort-l’Amaury (78).
Cependant, ces dernières années, plusieurs opérations d'archéologie préventive mettent progressivement en lumière ces "populations du Bronze". On retrouve alors des silos de stockage ou des fossés d'enclos signalant des habitats à vocation rurale.
Une lame de poignard retrouvée lors de la fouille d'une sépulture aux Mureaux évoque, par ailleurs, des échanges à longue distance car sa typologie signale une fabrication du sud de l'Angleterre.
On connaît bien mieux les occupations humaines de l’âge du Fer et particulièrement de la période gauloise, appelée La Tène, après le IIIe siècle avant notre ère. Ces sites de tradition celte ont fait l’objet de plusieurs études, comme à Meulan/les-Mureaux et Nanterre.
Le territoire et les hommes
Différents peuples gaulois dominent l'ouest parisien. Les Veliocasses, dont la capitale est Rouen, occupent le territoire qui va du nord de la Seine jusque dans l’Oise ; les Parisii englobent notamment les Hauts-de-Seine et l'est des Yvelines ; les Aulerques occupent l’extrémité occidentale du territoire, après Bonnières-sur-Seine. Et ce sont les Carnutes, dont la capitale de cité était Chartres, puis Orléans, qui dominent les trois quarts de la superficie des Yvelines.
Durant cette période, il n’existe pas de grands massifs forestiers mais plutôt de nombreuses forêts et bois morcelés. En effet, le défrichement à l'aide d'outils en fer est intense. Le paysage ressemble aux espaces ruraux actuels, composés de champs, de prés et de bois.
La Seine reste le principal axe fluvial de communication et de commerce. Une grande voie terrestre nord-sud traverse les Yvelines entre Meulan et Ablis. Le commerce est important avec les autres peuples gaulois, mais aussi avec les régions méditerranéennes dont les civilisations sont florissantes. En effet, les archéologues ont découvert des céramiques ibériques et des amphores à vin italiques importées dès la période gauloise (plus de 500 exemplaires à Meulan et une centaine à Richebourg). Témoins de ce commerce, des centaines de monnaies gauloises ont été mises au jour sur de nombreux sites.
Production agricole et artisanale
Le mode principal d’exploitation agricole est la ferme, dirigée par l’élite aristocratique locale qui possède les terres.
Le mode principal d’exploitation agricole est la ferme de taille plus ou moins importante, mais dirigée par une élite aristocratique locale qui possède les terres. Ces domaines se multiplient très rapidement pendant la période gauloise en raison, notamment, des exportations commerciales vers Rome, comme le blé, dont le développement multiplie les besoins.
Aux IIIe et IIe siècles avant notre ère, l’agriculture tend donc à devenir intensive. Un grand nombre de ces fermes protégées d'un enclos est attesté, le long de la vallée de la Mauldre.
Les artisans gaulois travaillent divers matériaux comme le bronze et le fer, avec lesquels ils fabriquent des armes et des outils, mais aussi des éléments de parure ou décoratifs tels que les fibules, dont des exemplaires ont été retrouvées à Bennecourt, et à Maulette (78).
Les Gaulois sont les premiers à travailler le verre dans notre région. Important la matière d'Egypte sous forme de lingots, ils façonnent des bracelets ou des colliers.
La production de poteries, très développée à l’époque gauloise, adopte une nouvelle technique au dernier siècle avant notre ère. Les potiers réalisent désormais leurs poteries à l’aide d’un tour, actionné au pieds le plus souvent, qui permet des formes plus fines et régulières.
Les fibres végétales et animales sont teintes puis tissées afin de réaliser des vêtements, couvertures, sacs… comme en témoignent les fusaïoles et pesons en terre cuite mis au jour lors de fouilles à Nanterre (92). Les motifs tissés sont variés, particulièrement les carreaux colorés.
Architecture et habitat
Les fermes gauloises, protégées d’un enclos, sont très répandues. Elles se composent de plusieurs bâtiments destinés à l'habitation et aux fonctions agro-pastorales. Plusieurs villages sont également connus et même un petit port de commerce, mais une seule grosse agglomération a été repérée pour les deux départements.
Les fermes gauloises sont délimitées par un enclos composé de fossés et talus entourant un ou plusieurs bâtiments.
A Longvilliers, dans la forêt de Saint-Arnoult, l’enclos est divisé en deux espaces distincts. D'un côté, un habitat en torchis, avec un sol pavé de pierres et un foyer, a été fouillé e,t de l'autre, un bâtiment rectangulaire sur poteaux a été repéré. Il s’agit probablement d’un établissement agricole occupé durant tout le Ier siècle avant J.-C.
A Neauphle-le-Vieux, les archéologues ont retrouvé des structures à vocation agricole tels que des silos, des fossés et des greniers à céréales de l’époque gauloise. Les greniers, de plan carré, ont été repérés grâce aux trous que les poteaux porteurs ont laissé.
Un hameau gaulois a été partiellement fouillé sur l’Île Belle de Meulan. Des vestiges de sols, de foyers et de murs marquaient l’emplacement d'habitations et d'espaces dédiés à l'artisanat. Malgré les inondations fréquentes, le village était réoccupé périodiquement montrant une vitalité liée au commerce fructueux favorisé par le fleuve et un chemin nord-sud bien délimité.
A Nanterre, une vaste agglomération très structurée, habitée du IIe siècle avant notre ère à la Conquête, a également été fouillée. Elle pourrait être interprétée comme la capitale de cité des Parisii. Elle comprend des quartiers dédiés à l'artisanat, aux habitations ainsi qu'un espace central probablement destiné à des pratiques culturelles. Tous ces quartiers sont séparés par de véritables rues et des fossés creusés pour drainer l'eau de ce secteur inondable.
Vie spirituelle
Pour l'âge du Bronze, en dehors des trois sépultures isolées, fouillées aux Mureaux, une petite nécropole a pu être étudiée à Noisy-le-Roi (78). L'étude se poursuit encore mais elles occupent d'ors et déjà une place importante dans la connaissance des populations du IIe millénaire avant notre ère.
A l'époque gauloise, les corps des défunts sont très souvent incinérés et les cendres placées dans une urne en céramique. Celle-ci peut être déposée dans une nécropole comme à Poigny-la-Forêt, Maulette et Houdan (78). Mais des nécropoles rassemblant uniquement des inhumations existent également, tout comme l'inhumation d'un défunt dans une habitation.
Quelques tombes de guerriers enterrés avec leur armement sont connues ainsi qu'une tombe "à char de parade" découverte à Nanterre. Elles traduisent l'existence d'une élite aristocratique militaire qui fait l'objet d'un traitement funéraire particulier.
Des croyances polythéistes
Les Gaulois édifient de véritables lieux dédiés aux cultes (sanctuaires) qui, pour certains, seront encore utilisés après la Conquête. Les divinités sont encore mal connues ou ont pu être romanisées. Les pratiques rituelles consistent souvent en dépôt d'offrandes avec le sacrifice d'animaux.
Un sanctuaire gaulois a été fouillé à Bennecourt (78) ; construit vers 200 avant notre ère, il sera transformé à l’époque romaine en fanum. Il s’agit tout d’abord d’une fosse, servant de creuset à offrandes, entourée d’un fossé et d'une palissade de plan carré. Puis, la fosse est protégée d'un bâtiment en bois. Ce sanctuaire se situe à la limite entre le territoire des Veliocasses, des Carnutes et des Aulerques. Comme celui connu à Mézières-sur-Seine, il marque la limite territoriale entre différents peuples gaulois